Ponti Lapidensis

L'origine du nom ne fait aucun doute : il s'agit d'un pons lapideus, "pont de pierre".

La forme, l'orthographe, est variable. La plus ancienne, on la trouve (publiée par Mabillon, Annales Ordinis Sancti Benedicti, au t.2 P.419 - 480, éd. de 1739), sous la forme "in conditu Pontillapidensi" (dans le territoire de Pontlevoy) sur une donation, en 818 par deux chanoines réguliers de Saint-Martin de Tours. En 1034 - 1035, Gueldouin (Gilduinus), vassal du Comte de Blois Eudes II, donne aux moines bénédictins qu'il appelle auprès de lui, le territoire nécessaire pour la fondation de l'abbaye de (nom latin au génétif) Pontisleviati, dont l'église sera dédiée à Notre-Dame.

Pourquoi ces variantes importantes ? Tout simplement, l'acte du XIème siècle nous donne la forme d'origine. Quand on sait qu'une carrière de calcaire fut exploitée très tôt à Pontlevoy et fonctionnait encore au XVIIIème siècle, on comprend que les charrois par voie de terre justifiaient, pour le passage de la rivière, l'abandon d'un gué pour un pont de pierre à l'usage des charrois. Quant à l'acte du XIème siècle, il latinise la forme du nom en langue vulgaire dans son évolution phonétique : quelque "Pontlevoué" qu'on imaginait, d'où fut tardivement tiré le "pont-levis" qui fait encore illusion de nos jours. Enfin, l'Abbé Villette a relevé la forme "Pont Levoi" dès les années 1270 : les noms de lieux trancrits dans leur forme vernaculaire font à cette époque leurs premières apparitions.

En conclusion, "Pontlevoy" en un mot est sans problème ; de même "Pont-Levoy" en deux mots, avec le trait d'union dont l'usage s'est répandu pour les toponymes, ainsi que, depuis bien longtemps la finale i en y. Mais "Pont-Le-Voy" en découpage ternaire reste une absurdité. La toponymie française en connaît bien d'autres : ne les multiplions pas*.

* Parmi celles-ci, au XVIIIème siècle, le "Pontlevoye" de la carte de Cassini.

D'après M .MARTIN-DEMEZIL Jean, Directeur honoraire des Archives du Loir-et-Cher.