Faut-il rappeler que dans sa programmation le Festival de Pontlevoy recherche à satisfaire tous les mélomanes du département et limitrophe. Il ne s’interdit pas d’accorder place à des instruments ou musique sortant de l’habituel. Mais il ne transige jamais sur la qualité des interprètes.
C’est ce que nous avons vécu, en cette fin d’après-midi de dimanche, avec les Frères Bouclier, duo accordéon-violon. Là aussi on rappellera que si l’accordéon est enseigné dans les conservatoires français depuis les années 1970, il l’est depuis les débuts du XXème siècle dans les pays dits de l’Est de l’Europe : Russie et autres républiques issues du démantèlement de l’URSS. Là, de très nombreux compositeurs écrivent pour lui. Les Frères Boucliers, Dimitri à l’accordéon et Julien au violon, ont joué Semionov, Zolorarev, Vlasov, Voïtenko, Chalaïev. Chaque morceau était présenté par Julien et replacé dans son contexte de l’époque.
Dès les premières notes le public a su qu’il assistait à un concert sortant de l’ordinaire et qui allait lui laisser des souvenirs pour longtemps. Musique expressive, démonstrative, qui nous a menés de la vie au trépas, avec « Kalina Krasnaja » de Victor Semionov, dans une tempête de neige avec « L’Hiver » de Chalaïev. Chacun des mélomanes, en son for intérieur, pouvait accompagner la musique d’images ou de souvenirs.
Au point culminant du concert la retranscription en musique de la vie au goulag par Vladimir Vlasov, 15 minutes de temps suspendu, dans un silence total et pesant, pour vivre par procuration l’arrivée au camp, les tentatives d’évasion, les travaux forcés et enfin les combats avec les Kapos, fut saluée d’un tonnerre d’applaudissement libérateurs.
Quelques notes plus fraiches avec l’adaptation de « l’été des 4 saisons » de Vivaldi et de Tango pour Claude de Richard Galiano, ont complété le programme.
Les Frères Bouclier, une découverte ! Ne ratez jamais une occasion d’aller les écouter !